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JEAN BAEZA
« DES USINES, DES TRAVAILLEURS,
A SAINT-OUEN JE SUIS CHEZ MOI »
(1ère partie)

Jean Baeza est le dernier joueur du Red Star a avoir porté le maillot de l’Equipe de France (lors de la saison 68-69). Voir son palmarès dans la rubrique « Grands noms », à la une du site. Le 20 août 1968, dans l’hebdo « Miroir Sprint », Georges Pradels consacrait un reportage au défenseur du Red Star.

Jean Baeza

En moins d’une année, le Monégasque Jean Baeza s’est affirmé comme un défenseur de classe internationale. Il est presque au sommet de sa carrière. Il n’a pas oublié pour autant, ses origines, que jadis à Alger, son père ouvrier maçon …

« J’ai déjà fait un séjour à Paris, en 1961 … un stage au Racing … que je n’ai pas terminé. Je suis resté vingt jours seulement. J’avais laissé toute ma famille à Alger. A Paris, je ne connaissais personne, j’étais dépaysé. J’ai pris la fuite ou presque. Je suis descendu à Cannes et j’ai pu me fixer. »
Jean Baeza nous confie cette anecdote. Il est allongé sur la table de massage dans le vestiaire du petit stade de Pierrefitte où parfois s’entraîne le Red Star. Dehors, il pleut. Le ciel chargé de gros nuages tumultueux, ressemble à une mer par gros temps. Baeza devine notre pensée : « Non, je ne regrette pas le soleil de la « Côte ». Je suis né en Algérie, mais je n’aime pas la chaleur. Ici, il fait plus frais. Le temps est plus varié. Je me sens parfaitement à l’aise. Je dors très bien. Tenez, hier soir, j’étais couché à neuf heures. J’ai fait le tour du cadran, ça décontracte. C’est nécessaire dans notre métier. »
Baeza à une mine superbe. Il serait le plus heureux des hommes s’il ne lui manquait sa fillette de 19 mois … et un appartement.
« J’ai laissé Sandrine chez mes parents, à Aix-en-Provence. Heureusement, ma femme est avec moi. Ce matin, elle est partie en campagne, à la chasse aux appartements. Elle veut habiter Paris, car elle entend reprendre son métier de coiffeuse. Nous avons fait en ce sens des projets, pour plus tard. En attendant nous vivons à l’hôtel … mais que la petite me manque ! »
Mme Baeza a emprunté la voiture de son mari. Nous allons donc le ramener à son hôtel, à Saint-Ouen, à quelques mètres du Stade de Paris (ndlr Stade Bauer, aujourd’hui), sous la pluie qui a redoublé de violence et frappe en rafales les vitres de la voiture.
« Ca ne me déplait pas, affirme l’arrière international. Peut-être cette pluie me laissera-t-elle à la longue, pour l’instant, non ! »
Soudain, il paraît lointain. Un stop ne le tire pas de sa rêverie. Parions qu’il a traversé la France, puis la Méditerranée.
« Je me demande parfois ce qu’il m’arrive. Dans ma vie, depuis quelques années, tout survient sans que je m’y attende. Je suis né à Alger (30-8-1942), dans une famille d’ouvriers. Mon père, d’origine espagnole, était maçon. Il a élevé onze gosses, c’est une performance ! Nous étions sept filles, quatre garçons, onze comme une équipe de football. Pour moi, il n’a pas été question de lycée, d’études, je n’aimais pas ça d’ailleurs. Je n’avais pas onze ans que je travaillais déjà dans une imprimerie. Je jouais au football aussi. Pour être franc, je jouais surtout au football, et pour cela il m’arrivait d’oublier l’atelier. Alors, on me renvoyait. J’ai été de place en place. J’ai fait tous les métiers, j’ai travaillé même dans l’assurance ! Puis finalement, dans un garage, comme vendeur de voitures. Financièrement, c’était intéressant. »
Baeza sourit. Derrière ses mésaventures, il y avait son père … un ancien footballeur.
« Mon père a joué au R.U. Alger, bien avant moi. C’était un rude numéro, d’une force physique extraordinaire. Il jouait à tous les postes. Il aimait le football et sans doute, de ce fait, m’a-t-il compris et beaucoup pardonné … mais jamais il ne m’a fait un compliment. Même quand je fus international. »
La pluie s’est un peu calmée. Jean Avellaneda, l’entraîneur du Red Star, suivi de Pierre Bernard, entre dans le petit bar où nous nous sommes réfugiés. Derrière eux, s’infiltre Mme Baeza, jolie, menue, souriante, un peu déçue. Elle revient bredouille de sa chasse aux logis. Pas découragée. Elle a affirme : « je trouverai, je trouverai. » Baeza sourit, puis revient au football.
« Au R.U. Alger, j’ai d’abord joué gardien, mais je me suis blessé et j’ai abandonné ce poste. Avec ça, je me trouvais trop petit. Je suis donc devenu défenseur, arrière central. C’est alors que j’ai connu Roger Couard, l’ex-Racingman. Je lui ai demandé s’il pouvait m’aider à passer en France. Il était d’accord. « Tu peux faire un bon professionnel. » Ce à quoi je ne pensais pas alors. C’est ainsi que j’ai avec le Racing, le bref contact que vous savez avant d’aller à Cannes … où j’ai connu Charly Loubet qui, international, est demeuré aussi simple, aussi gentil que lorsqu’il était junior. »

Suite...

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