MEMOIRE D'UN CLUB LEGENDAIRE  RED STAR 93

" LE RED STAR, mémoire d'un club légendaire"
(Les bonnes feuilles, 2ème partie)

LE RED STAR VELOCIPEDISTE

Cyclistes
Une épreuve de cyclisme au début des années 1900

En 1898, l'Union pédestre de la rive gauche abandonne ses effectifs au Red Star. Première fusion ! Ce ne sera pas la dernière. Bientôt, le club de Jules Rimet a plus de cent adhérents, chiffre énorme pour l'époque.
Le Red Star, il est vrai, est éclectique. Il organise, dans une salle de la rue Faber, des séances de lutte qui obtiennent un joli succès et une "poule de billard" réservé aux membres du club. Le vainqueur de chaque catégorie reçoit une queue démontable.
Engagements : 50 centimes au café Toffin ou chez M. Modeste Rimet, 76, boulevard de Latour-Maubourg.
En 1900, brève percée du football-rugby au Red Star. Son équipe scolaire est championne de France tandis que son équipe première joue en troisième division. Ce n'est qu'un feu de paille.
Les deux sports-rois au Red Star de ces années sont le cyclisme et l'athlétisme. Le cyclisme parce qu'il est alors le sport le plus populaire, et aussi à cause de la proximité de la Galerie des Machines.
Le Red Star organise des réunions sur piste. L'une d'elles, le 14 juillet 1903, au vélodrome municipal du bois de Vincennes (notre Cipale d'aujourd'hui), est restée dans les annales. A son programme, le championnat de vitesse du Red Star, une course scratch interclub, un handicap sur 1000 mètres, une course d'une heure sans entraînement (primes aux 10e, 15e, 20e kilomètre) deux courses de motocyclettes.
Au sein de ce Red Star vélocipédiste, la vocation d'un grand champion va naître. Sous ses couleurs, en 1898, Emile Georget se classe 3e dans le Championnat de France amateurs sur route. Il n'en restera pas là. Devenu professionnel, en 1910, il gagnera Bordeaux-Paris de 1912 battant Faber, Petit-Breton, Garrigou, sans parler, sur piste, du Bol d'or de Buffalo. Il courait encore après la victoire de 18 et je crois l'avoir vu lors d'une américaine au Vel' d'Hiv'.
Aux antipodes du cyclisme, l'athlétisme n'attire guère les foules françaises. A Paris, lors des Jeux olympiques de 1900, une poignée de fanatiques seulement est venue voir courir, sauter, lancer à la Croix-Catelan, le stade du Racing, les meilleurs athlètes du monde. Nos intellectuels n'en considèrent pas moins l'athlétisme comme le sport par excellence, comme l'effort dans toute sa pureté classique.
Aussi pavoise-t-on au Red Star lorsque Georges Clément court le 400 mètres en 55 secondes. Cette recrue des premiers jours a réussi un exploit. Ne souriez pas. Rappelez-vous que la piste était en herbe, que le départ était donné debout, qu'il n'y avait pas de couloir (on ne les a inventés qu'en 1912), et que dans le virage de l'arrivée il fallait jouer des coudes ou user de ruses dignes des sprinters cyclistes. Un temps de comparaison doit vous convaincre. Au cours des Jeux olympiques d' Athènes, l'Américain Burke a gagné le 400 mètres en 54" 2.
Un autre du Red Star, Laniel, remporte un 1500 mètres en 4' 31". A Athènes, il aurait été champion olympique, l'Australien Flack ayant mis 4' 33" 2 pour parcourir cette distance.
Le club de Jules Rimet fait disputer ses grands prix interclubs à la Croix-Catelan prêtée par le Racing (grâce à Charles de Saint-Cyr) et, le 11 mai 1901, organise près de l'observatoire de Meudon une grande réunion de printemps avec un 100 mètres, un 400 mètres, un 1500 mètres et du saut en hauteur. La publicité annonce des prix superbes. En nature, évidemment. Au Red Star, un amateurisme immaculé est de mise.
L'hiver, le Red Star pointille les brumes qui couvrent les bois de Meudon de taches multicolores. Ses cross-country sont renommés, des cross que l'on appelle parfois des "rallyes-papers" parce que, avant le départ, un organisateur sème au pas de course des confettis afin de délimiter le parcours. Il ne cherche à éviter ni les buttes, ni les fondrières, ni même les buissons de ronces. De vrais cross à l'anglaise. A l'arrivée, on boit un grog et on rejoint Paris en train. En des wagons bondés, devant des promeneurs du dimanche interloqués, on glorifie les grandes victoires du club. Le Red Star n'a-t-il pas en 1898 remporté par équipe le National, 2e série ?
Et cependant ce ne sont pas les courses à travers les sous-bois qui apporteront au Red Star sa célébrité.

Cyclistes
Tour de France, Emile Georget (4ème du Tour 1905, vainqueur de la première étape en 1906, 5ème au classement final, vainqueur de six étapes et 3ème du Tour 1907), Louis Trousselier vainqueur du Tour 1905 et Lucien Petit-Breton, vainqueur du Tour 1907 et 1908

( à suivre )

LE RED STAR,
mémoire d'un club légendaire
de Guillaume Hanoteau, avec la collaboration de Gilles Cutulic
© Robert Laffont - Editions Seghers
Dépôt légal : 1983

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