DANS FOOT FRANCILIEN: BRUNO DAVOINE, PRESIDENT DU  RED STAR FC 93

DANS FOOT FRANCILIEN

Nous publions dans son intégralité l’interview accordé par Bruno Davoine à Cyrille Legendre, dans le numéro 33 (mars 2006), de Foot Francilien, magazine de la Ligue de Paris.

BRUNO DAVOINE (Président du Red Star) :
« UN GRAND CLUB NE PEUT-ETRE QUE FORMATEUR

Depuis près de deux ans, le Red Star a retrouvé des couleurs. D’abord financièrement, puisqu’à ce jour les comptes sont équilibrés. Mais également sportivement, avec la réussite de l’équipe fanion montée de DH en CFA 2 et aujourd’hui en bonne position pour accéder en CFA. Seul point noir, les mauvais résultats des équipes de jeunes. Or le Président Bruno Davoine nous explique dans cet entretien, qu’il ne conçoit pas « un retour au premier plan du Red Star sans une politique de formation performante. » Il reste donc du pain sur la planche d’autant plus que le club attire les convoitises.

Quel bilan faites-vous aujourd’hui après plus d’un an et demi présidence du club ?
« Un club se reconstruit dans la durée. Il faut savoir que lorsque nous avons repris le Red Star, après la décision du Tribunal de commerce, nous avons passé la serpillière dans les locaux. Nous partions donc de loin. Nous avons ensuite rapidement défini des axes., parmi lesquels la séparation stricte de l’administratif et du sportif. L’ensemble de ce dernier aspect ayant été confié à Jean-Luc Girard. »

Cette décision est à la base des problèmes que vous avez eu récemment avec Jean-Luc Girard. Que s’est-il passé exactement ?
« Nous sommes au Red Star pour la transparence. C’est pourquoi nous admettons aujourd’hui, que confier tout le secteur sportif à Jean-Luc Girard était une erreur. Si il a fait un excellent travail avec l’équipe première, il n’en a pas de même avec les jeunes. Pourtant face au manque de résultat que nous avons enregistré dans ces catégories, nous avons décidé au début d’année d’augmenter de 45% le budget destiné aux jeunes, afin de restructurer ce secteur en faisant venir des éducateurs diplômés. Nous avons donc logiquement mais la pression sur Jean-Luc Girard qui, je pense, ne l’a pas supportée. Lors de l’Assemblée Générale du 14 janvier, certaines personnes ont tenté de renverser la présidence, arguant du fait que je n’étais pas l’homme de la situation, que je n’étais pas assez présent et qu’il n’y avait pas assez d’argent pour les jeunes. Il s’est avéré que cette tentative était téléguidée par un homme d’affaire extérieur au club qui souhaitait s’implanter au Red Star. Il a profité du fait que nous cherchions et que nous cherchons encore des partenaires qui s’engagent dans le temps. Nous devons construire aujourd’hui pour atteindre demain nos objectifs. »

Cette péripétie a plongé le club dans une certaine crise.
« Il a surtout fallu aller au devant des supporters, qui ne comprenaient pas et demandaient ma démission pendant les matches, afin de leur expliquer la réalité de la situation et démentir toutes ces rumeurs, comme ce projet de fusion avec l’Entente Sannois-Saint-Gratien. Je n’ai jamais rencontré un de ses dirigeants et il n’est pas question pour nous de fusionner. C’est le Red Star qui a le nom, le passé. Nous serions donc obligatoirement perdants. Ensuite, j’ai du également rencontrer les joueurs de l’équipe première en leur expliquant qu’il était normal qu’ils soient soudés autour de leur entraîneur, mais que nous de notre côté, nous faisions tout pour qu’ils évoluent dans les meilleures conditions. D’abord en les payant chaque mois en temps et en heure et en instaurant un système de primes de matches. C’est d’ailleurs pour ne pas déstabiliser cette équipe fanion, et parce que nous reconnaissons le bon travail en la matière de Jean-Luc Girard que nous avons décidé de ne pas nous séparer de lui. Nous lui avons juste retiré la gestion des équipes de jeunes. »

C’est une décision plutôt surprenante de ne pas vous séparer d’un homme qui a tenté de vous renverser ?
« Je crois que si nous faisons l’objet aujourd’hui de tant de convoitises, c’est parce que nous avons un projet précis et efficace. Nous voulons dans les trois ans que l’équipe fanion monte au niveau national et que dans le même temps, les résultats des jeunes soient également à la hauteur car nous pensons qu’un grand club ne peut-être qu’un club formateur. Nous voulons constituer à ces deux niveaux une filière élite et une filière honneur et élaborer des passerelles entre les deux. Ainsi, nous avons jugé que pour répondre à notre objectif de faire monter le Red Star en CFA cette année, nous devions laisser à son poste Jean-Luc Girard. En ce qui concerne les jeunes, nous avons engagé Eric Santamaria. Il a accepté de relever le défi et je crois sincèrement que c’est l’homme de la situation. C’est un gars de terrain qui a eu de belles expériences, notamment au Racing ou à Aubervilliers. Il s’est aperçu que des bons éducateurs étaient partis, parce qu’ils se sentaient seuls et livrés à eux-mêmes. Eric s’est appliqué, après ce constat, à restructurer tout cela en compagnie de David Giguet. L’objectif est notamment de faire travailler les catégories ensemble, de renouer le contact avec les parents et enfin d’instaurer, des jeunes aux seniors un style de jeu Red Star. Nous voulons à terme, que 70% de l’équipe première soient issus du sérail. En Seine-Saint-Denis, nous disposons d’un grand vivier de jeunes talents. Pour les attirer il faut aussi que l’équipe fanion soit une locomotive. Nous avions l’ambition de monter un centre de préformation, mais le coût s’est révélé trop important. En attendant nous voulons créer une section sport-études. »

Vous semblez avoir une vision long terme des choses
« Lorsque je me suis engagé avec Eric Charrier, je souhaitais m’investir dans un projet social. Pour moi un grand club de football c’est un club bien géré, citoyen, qui dispose d’une équipe première qui gagne, mais également d’une bonne structure de formation. Tout cela ne se fait pas rapidement. Le Red Star a aujourd’hui plus de 100 ans. Nous ne constituons à notre niveau qu’une petite période de la vie de ce club. Nous voulons en profiter pour le faire évoluer. »

Justement qu’est-ce qui vous manque aujourd’hui le plus pour encore évoluer ?
« Nous devons trouver un partenaire qui s’engage financièrement capitalistiquement avec nous, jusqu’à ce que nous atteignons au moins le National. De façon à ce que l’on se concentre véritablement sur le club et non pas sur la recherche de sponsors. Aujourd’hui, nos finances sont rééquilibrées. Nous ne gagnons pas d’argent mais nous n’en perdons pas no,n plus. Nous continuons avec notamment l’arrivée de Christian Héricher au poste de Directeur Administratif, à structurer le club. Nous avons d’excellentes relations avec la mairie de St-Ouen et le Conseil Général. Nous avons toutes les garanties pour séduire ce partenaire. Je verrai bien d’ailleurs une grosse institution nous soutenir. Une institution qui prendrait en considération notre action citoyenne. Car en la matière, nous avons mis en place des opérations et nous avons encore de nombreux projets. Nous avons le souhait de développer un événement qui s’appellerait « Du plomb dans la tête, de l’or dans les pieds. » Nous sommes au milieu d’une banlieue défavorisée, nous pensons que le club pourrait mettre en place par exemple une cellule d’aide aux devoirs, afin que les enfants puissent concilier le foot et les études. Nous voulons également intégrer des handicapés mentaux légers au sein de nos équipes de jeunes. Nous sommes aussi associés à Foot Citoyen. Nous avons créé une section féminine et une section Futsal. Nous avons enfin mis en place un comité d’éthique, sous la direction d’un membre du Comité Directeur, qui regroupe un joueur,, trois éducateurs, un parent, un arbitre et un supporter. Pour résumer, la vision que nous avons d’un club va bien au-delà du simple aspect sportif. C’est un devoir, surtout lorsqu’il s’agit du Red Star. »

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