LA DIASPORA DE L'ETOILE ROUGE  RED STAR 93

Un long article publié dans L'Equipe, signé Christian Jaurena du jeudi 20 février 2003 a déclenché la foudre de la direction du Red Star (voir les actualités du site du 24 février). Le papier du journaliste était illustré d'une photo de Steve Marlet sous le maillot du Red Star avec un mini interview.
Nous le publions dans son intégralité en trois parties.

LA DIASPORA DE L'ETOILE ROUGE
(1ère partie)

Menacé de disparition, le Red Star 93 vivra encore longtemps par les nombreux professionnels formés en son sein.
Le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) va rendre aujourd'hui son délibéré et, on peut le redouter, prononcer l'état de cessation de paiement du Red Star 93, très longtemps deuxième club francilien, mais qui a plongé de la D 2 au CFA 2 en trois ans. Quoi qu'il advienne, l'âme du stade Bauer à Saint-Ouen continuera de souffler longtemps sur les terrains de l'élite puisqu'une vingtaine de professionnels, formés par Patrice Lecornu et François Gil, désormais responsables de la formation du Paris SG, jouent encore, une étoile rouge dans le cœur.

AU CAMP DES LOGES, à Saint-Germain-en-Laye, Patrice Lecornu et François Gil fêtent un triste anniversaire, cet hiver. Le centre de formation du Red Star aurait dix ans aujourd'hui … s'il n'avait pas disparu depuis que le club de la banlieue nord de Paris a perdu son statut professionnel. C'est l'incroyable chute d'un club qui rêvait, il y a si peu, de devenir la deuxième équipe de Paris en D 1, celle qui évoluerait au Stade de France. C'est la décadence d'un club prestigieux fondé par Jules Rimet en 1897, cinq fois vainqueur de la Coupe de France et qui appartenait encore à l'élite lors de la saison 1974-1975, sa dernière en D 1.
C'est le saut sans parachute d'une formation qui s'inclinait hier - en avril 2000 - en demi-finale de la Coupe de la Ligue (face à Gueugnon 2-2, 8 t.a.b. à 9) et qui rame désormais en fin de classement du Groupe B de CFA 2, en attendant la décision que prendra aujourd'hui le Tribunal de Bobigny à son encontre. Le club au maillot vert et à l'étoile rouge risque que soit prononcée sa situation de cessation de paiement (il devrait néanmoins être autorisé à terminer la saison).
Loin de cette actualité qui les attriste, Lecornu et Gil travaillent maintenant pour le Paris SG. Le premier est responsable de la formation (joueurs de quinze à dix-huit ans), le second de la préformation (moins de quinze ans). L'avenir dira s'il s'agit, ou pas, des deux meilleures recrues du grand club parisien … Mais s'il est vrai qu'il faut chercher dans le passé pour savoir où l'on va, alors on peut prévoir qu'avec ces deux-là, le PSG a choisi la bonne voie. Lecornu (ancien attaquant d'Angers et de Nantes, trois sélections en équipe de France, de 1979 à 1981) et Gil ont en effet formé à Saint-Ouen, en une poignée d'années, une liste impressionnante de joueurs professionnels. "La rentabilité du centre a été exceptionnelle, on le voit aujourd'hui. Mais, sur le coup, on ne s'en rendait pas compte" explique Lecornu. Et Gil de préciser "Attention, n'allez pas dire que nous avons fait ça à deux. Il y avait une équipe d'une trentaine d'éducateurs qui poursuivaient tous les même projet technique et tactique".
Dans les limbes de la pépinière, on retrouve Philippe Troussier, entraîneur de l'équipe première "Puis nous avons eu la chance de côtoyer d'autres grands techniciens comme Roger Lemerre ou Robert Herbin" ajoute Lecornu. De l'ancien "Sphinx" de Saint-Etienne, les deux hommes ont gardé une formule qui leur sert de credo quotidien "Le talent sans travail n'est qu'une mauvaise habitude".
Car des talents, ils en ont vu arriver. Et repartir aussi, faute de travail. Ils ont aussi vu l'inverse : apparaître du talent à force de travail. Chaque nom évoque des souvenirs. dans chaque professionnel qu'ils ont formé, ils revoient l'adolescent arrivé chez eux le sac sur l'épaule pour participer à une détection. De Steve Marlet, l'international, aujourd'hui à Fulham après être passé par Auxerre et Lyon, ils disent : "Il jouait dans les moins de quinze ans du PSG quand il est venu nous demander le prendre au Red Star. Il habitait Villetaneuse, il ne voulait plus aller jusqu'à Saint-Germain. Quand on le voit maintenant, on le retrouve comme alors. Il joue de la même manière ; il ne doute de rien, toujours serein. Son mental est extraordinaire …"
Et la liste défile "Wagneau Eloi, c'est le plus gros potentiel que j'ai vu en poussins. C'est notre premier pro. Il arrivait d'Haïti avec sa mère et son frère. Ils vivaient dans le 18ème arrondissement de Paris ". Khalilou Fadiga ? "Lui aussi est venu du 18ème, quartier de la Goutte-d'Or. Il avait pris le métro pour passer une détection. C'était l'avantage par rapport à ici ; à Saint-Germain, nous sommes au milieu de la forêt, à une heure de marche de la station de RER !"

Suite....

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