LE PARISIEN (2) RED STAR 93

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Seconde partie du dossier du Parisien, du 8 novembre 2002. Deux anciens éducateurs du Red Star s'expriment et un interview de Michel Castejon, secrétaire général du Red Star.

Un club traîné devant les prud'hommes

Le Red Star 93 est loin d'être sorti d'affaire. Une vingtaine de personnes a en effet saisi le tribunal des prud'hommes de Bobigny. On y recense d'anciens joueurs qui préfèrent garder l'anonymat et réclament leurs émoluments du mois de juin 2002. Certains d'entre eux ont d'ailleurs déjà eu gain de cause et reçu une lettre des prud'hommes pour récupérer leur argent.

D'anciens éducateurs tentent également de défendre leurs droits. C'est le cas de Philippe Détrez, sous contrat avec le Red Star 93 pendant 15 ans, et qui passera le 11 décembre devant le tribunal. Responsable de l'école de football jusqu'à la fin de saison dernière, celui-ci attend toujours ses deux derniers mois de salaires (8 000 F soit 1 220 € environ). « La politique du club a toujours été de payer le 20 du mois suivant pour une « jonglerie » de trésorerie, mais cette fois-ci, il y a un non-respect des engagements de mon contrat signé en partenariat avec la Fédération, indique Philippe Détrez, aujourd'hui éducateur à l'Entente Sannois-Saint-Gratien. D'ailleurs, la Fédé avait envoyé un courrier au Red Star 93 qui n'a pas répondu. J'ai donc saisi les prud'hommes fin août car je suis écoeuré. J'ai tout donné pour ce club qui réussissait à vendre des joueurs. Aujourd'hui, je me demande où est passé tout cet argent… »

Après quinze ans de bons et loyaux services, Christophe Fiatte et Jean-Luc Girard, deux joueurs emblématiques devenus entraîneurs, ont également été remerciés. En fin de contrat, Jean-Luc Girard s'est plié « à la dure loi du football », tandis que Christophe Fiatte, à qui il restait deux ans de contrat, a décidé d'attaquer le club pour « licenciement abusif. »

Pour d'autres éducateurs qui n'étaient pas sous contrat, les recours judiciaires sont en revanche réduits. « Aux prud'hommes, on m'a dit que mon dossier n'était pas assez solide car les fiches de paie ne suffisent pas, regrette Pascal Guillaume, un peu résigné pour récupérer ses 6 000 F (915 €). De toute façon, j'avais vu Michel Castejon fin août lors du match de DH, PFC - Red Star 93 . Au nom des joueurs et des éducateurs, je lui avais demandé quand est-ce qu'on allait recevoir ce qui nous était dû. Il m'avait répondu qu'il n'avait pas d'argent pour nous payer… »

Gilles Tournoux

« Les responsables doivent payer »

Michel Castejon, secrétaire général du Red Star 93

Revenu au club au début de l'année 2002, Michel Castejon (40 ans) tente avant tout de relancer sportivement le Red Star 93. L'ancien directeur général de l'équipe professionnelle évoluant en D2 se présente aujourd'hui comme secrétaire général bénévole, très attaché aux valeurs audoniennes.

Concernant les difficultés financières du club, Castejon ne dément pas le déficit mais réfute le chiffre de 10 MF (1,5 M€). « Il est de moitié moins, garantit le responsable audonien, qui assure avoir bouclé son budget pour la saison en cours. Contrairement au passé, tout le monde au club est tenu au courant de nos difficultés. Certaines personnes ont fait très mal au Red Star 93 et ne méritaient pas la délégation que Jean-Claude Bras leur a donnée. Ce sont les seuls responsables de cette situation et il faudra qu'ils paient un jour leurs erreurs. »

Michel Castejon, qui voit dans le retour au stade Bauer un véritable symbole de la reconstruction du club centenaire, souhaiterait même qu'une expertise poussée de la gestion du club soit effectuée afin d'établir les responsabilités de chacun. Il ne dément pas par ailleurs les salaires non versés à certains éducateurs et joueurs en fin de saison dernière. « Le club n'avait pas les moyens, les priorités se situaient ailleurs », se défend l'intéressé. Aujourd'hui, seul l'avenir sportif du Red Star 93 le préoccupe.

« On a mal vécu la récente élimination au 6ème tour de la Coupe de France (NDLR : défaite aux tirs au but face à Sénart-Moissy, CFA) car l'équipe méritait la qualification, ajoute Michel Castejon. Aujourd'hui, je veux tout gagner, la Coupe de Paris, la Coupe de Seine-Saint-Denis et le Championnat. »

Cet optimisme suffira-t-il à sauver un club en grande difficulté financière ?

Stéphane Corby

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