COUPE DE FRANCE 1946  RED STAR 93

…. LE 26 MAI 1946, LA 29ème FINALE DE COUPE DE FRANCE VA OPPOSER LILLE AU RED STAR.

LES ECHOS
D'AVANT LA FINALE DE COUPE DE FRANCE 1946

Donnons la parole à Y. Heissler, journaliste à Miroir-Sprint, il décrit l'ambiance d'avant match de cette 29ème finale de Coupe de France qui va opposer le Red Star à Lille. N'oublions pas, nous sommes en 1946, juste un an, après la fin de la seconde Guerre Mondiale. Les distractions sont peu nombreuses : le sport et le cinéma, le pays est en reconstruction.

Coupe de France, 1946

Le football dans ses manifestations capitales, mobilise des foules d'un enthousiasme que bien peu d'autres manifestations ne peuvent provoquer.
Rue de Londres (siège de la Fédération), aux agences de location depuis plus de deux semaines, les téléphones étaient en alerte. Ces derniers jours, alors que les places se faisaient plus rares, les acheteurs toujours plus nombreux affluaient pour se ranger en longues files d'attente, ébauchant les combinaisons les plus inattendues pour obtenir le droit d'assister debout et de loin à la rencontre. Lutte serrée contre le voisin et contre le temps où les vaincus condamnés par l'écriteau fatidique qui annonçait un match à guichets fermés, furent nombreux. Dimanche, à la porte du stade de Colombes, bien avant midi, un à un, groupe après groupe, nous retrouvions tous ces sportifs, billets en poche ou une queue qui grossissait, se tassait, s'allongeait davantage à chaque arrivée de "bus", jusqu'à atteindre le kilomètre.

LES BARRAGES SONT OUVERTS

Les dignes agents du service d'ordre, partagés entre le démon intérieur qui commandait leur conversation et les faisait dire : "but, corner, Simonyi, Hatz, Bourbotte, penalty", et la conscience professionnelle qui leur demandait d'étendre les bras pour retenir les impatients, poussèrent un soupir de soulagement quand les portes du stade s'ouvrirent. C'était le moment le plus pénible de leur faction, mais aussi la fin de leur supplice. Sportivement d'ailleurs, la foule s'ébranla vite, au pas de course, par à coups, mais sans chahut.

DES ŒUFS … SUR LE SABLE

Pour ordonné qu'il fût, le sprint ne se déroula pas sans ces incidents sans gravité qui, pour faire un mécontent n'en amusent pas moins quelques dizaines de gens. Telle cette petite valise qui perdit son couvercle et abandonna sur le sol œufs dures, pain, beurre et radis. Amusés, les concurrents plus heureux et notre héros lui-même s'en furent sur les gradins encore clairsemés, coupant l'attente qui les effrayait en se restaurant.
- Un œuf ? … Prenez un peu de radis, mais si voyons … A propos, Bersoullé.

A LA SAUVETTE

Désavoué, méprisé de tous le"noir" fait tout de même des heureux. Les revendeurs d'abord dont le bonheur ne nous agrée pas, mais qui ont montré une belle ardeur au travail et une certaine témérité en continuant un business qui est devenu particulièrement dangereux depuis France – Angleterre. Heureux aussi les retardataires qui ne pouvaient en vouloir profondément aux hommes qui leur permirent d'entrer pour s'asseoir à de bonnes places.

Les exigences des courtiers provoquèrent plus d'un grincement de dents, mais le billet qu'on tenait entre ses mains éclaira plus d'un visage, quand bien même la grosse coupure eût fondu en menue monnaie.

LES RESQUILLEURS, GENS SYMPATHIQUES

Plus de places ou pas d'argent. Il fallut resquiller. Habilement le faire, entrer sans payer n'était pas particulièrement facile quand on n'avait pas d'amis dans la place. Restaient les palissades accueillantes, les positions mal assurées et fatigantes, les situations amusantes, émaillées de vives réparties. On identifia même des spécialistes du genre, qui déclarent n'apprécier un match de football qu'autant qu'ils sont juchés sur un piton, une traverse, assis sur une arrête vive.

UNE FOULE, UN CŒUR

Quand le match commença, le ciment des gradins, l'imposante superstructure imposante du stade avait disparu sous une mosaïque de toilettes claires ou foncées, vives ou mat. La foule qui descendait jusqu'à la pelouse n'était plus qu'un gigantesque monstre à l'épiderme sensible, au cœur généreux, vibrant d'un enthousiasme jeune et réconfortant aux phases du jeu.

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