RACING CLUB DE PARIS - ADVERSAIRE DU RED STAR 93

LE TEMPS DES COPAINS

Un ami journaliste et écrivain Henri Quiqueré, nous avait adressé un texte, paru dans le bulletin des supporters du Red Star le 23 avril 1993. Nous le reproduisons volontiers aujourd'hui sur le site, car il est d'actualité à quelques jours du derby, Racing CP - Red Star 93.

Ah les beaux jours ! Ceux d'une enfance de banlieusard à Gennevilliers, avec la grande plaine et ses poireaux, la communale Pasteur, le patronage municipal Rene Sévi, surtout sa section sportive, les soirées sans télé, les colos au bord de la Manche ou dans le Loiret... Les dimanches, c'était ou le cinéma ou le match de foot. Plus souvent la deuxième éventualité. Qui pourtant nous divisait en deux camps bien distincts le lundi matin. C'est qu'il y avait les supporters du Racing et ceux du Red Star. Qui s'étaient déjà invectivés la veille en attendant l'autobus 166, chacun sur son trottoir. Dans un sens pour aller à Colombes, dans l'autre pour aller à Saint-Ouen. Les copains, on se divisait en irréductibles adversaires, à toutes les récréations. Le ballon n'était qu'une balle de tennis élimée, les buts délimités par un mur et un arbre chétif et le Racing et le Red Star s'affrontaient. Côté ciel et blanc, il y en avait des Vaast, Moreel, Tessier, Grillon, Pilette, tous des Gennevillois. Côté vert et blanc, il y en avait des Brajeon, des Boccantin, des Graf, des Pietraz, non moins concitoyens ! C'est de là que naissait vraiment la passion. Ce temps des copains, c'était aussi celui où les grands clubs parisiens (et il y en avait avec le Stade Français et le CAP en pros !) puisaient dans le réservoir des petits clubs de banlieue pour constituer leurs équipes . Le Red Star, c'était nous. Et sois dit en passant, trois gallopins de mon âge ont eu l'honneur de porter le maillot audonien : Trochut, Boudjema et Cantais (lui, il était goal !) au début des années soixante. La communion continuait et elle n'avait rien de solennel !
Aujourd'hui, avec le temps qui passe inéluctablement, je ne connais plus les mômes de Gennevilliers. Mieux tout de même les joueurs du Red Star. Mais je me prends à espérer que l'osmose continue. Parce qu'elle est du rêve et qu'on a tellement besoin de rêver. Moi, je persiste. Quand je passe rue du Docteur Bauer, je m'entends crier "Vas-y Michel ou vas-y Rolland". Je retombe en adolescence. Le foot, c'est une éternelle jeunesse.
Henri QUIQUERE

Les trois joueurs cités par notre ami : Roland Trochut, Michel Boudjema et Rolland Cantais ont évolué au Red Star en professionnel pour les deux premiers au début des années 60, quant au troisième pendant la saison 56-57.

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